Introduzione di Gian Paolo Brizzi a Heloise di Perugia
Monsieur le Recteur, chers Collègues, Je désire avant tout saluer et remercier tous ceux d’entre vous qui ont accepté l’invitation du Centre interuniversitaire pour l’Histoire des Universités à participer au 6ème Atelier Héloïse que nous avons organisé cette année à Pérouse. J’adresse mes remerciements au Recteur pour son aimable hospitalité et tout particulièrement au professeur Treggiari qui a plaidé le choix de son Université pour cette rencontre et qui n’a jamais manqué de nous offrir son assistance pour l’organisation. Je remercie également le professeur Mario Tosti qui a mis à notre disposition le siège du Département qu’il dirige pour la séance de la journée de samedi. Les rencontres de l’Atelier Héloïse sont désormais une habitude, mais il est plus correct de dire une nécessité pour tous ceux qui sont engagés dans les divers projets de travail. De nombreux membres de la Commission Internationale pour l’Histoire des Universités ont répondu favorablement eux aussi à notre invitation à participer à nos travaux et je remercie le président MF de son adhésion. Nous comptons aujourd’hui sur la présence parmi nous de certains spécialistes qui nous ont procuré, grâce à leur esprit de pionniers, la méthodologie et les objectifs nécessaires à notre travail : je me réfère en particulier à Hilde De Ridder-Symoens et au projet Fasti, à propos duquel Willem Frijhoff a écrit, en se référant aux intentions d’origine, que nous pouvons nous considérer comme les orphelins de ce projet. Cette expérience s’était développée dès 1996 et elle s’est poursuivie pendant un certain nombre d’années, sous diverses formes et avec différents interlocuteurs : l’intention en était d’évaluer la possibilité de créer une banque de données européenne sur les étudiants et la mobilité universitaire. Les rencontres se sont poursuivies pendant cinq ans, ce qui a permis d’effectuer un approfondissement progressif du projet en termes de contenu et de technique.
Les adhésions et l’intérêt suscités furent un signe de la vitalité de ce secteur particulier de la recherche historico-universitaire qui avait commencé à se définir au cours des années Soixante : ces premières études indiquaient le vaste territoire, pratiquement inexploré, des rapports entre institution universitaire et société, tout en mettant en évidence le retard de l’état de nos connaissances sur l’histoire des universités aux temps modernes et contemporains. La dernière rencontre a eu lieu en 2003 à Gand, après quoi il a semblé que l’objectif défini par Fasti se soit volatilisé, que les ambitions du projet se soient dissoutes face à l’impossibilité de trouver les financements nécessaires pour le lancer concrètement. Cependant l’activité ne s’est pas interrompue auprès de certains groupes qui, pour avoir participé au projet Fasti, ont continué à développer un secteur de ce projet général : je rappelle à ce propos le RAG, le groupe de travail sous l’autorité de Rainer Schwinges, le groupe guidé par Jean-Philippe Genèt à Paris, mais aussi les initiatives qui naissaient à Bologne avec le projet Asfe et à Pérouse, sur l’initiative de Carla Frova, pour la création d’un Onomasticon. Je ne m’étends pas sur les détails qui peuvent être connus en se reportant au site Héloïse. Des rencontres informelles, des tentatives de renouer les contacts interrompus furent reprises récemment en divers lieux ; en 2012 nous nous sommes rencontrés à Poitiers, où se trouvait un groupe de recherche dont les membres étaient en train de lancer le Repertorium Academicum Pictaviense. À cette occasion, dans un élan d’enthousiasme, nous avons décidé de “prendre notre courage à deux mains” : nous avons constaté que nous partagions le désir de conjuguer le travail individuel ou de groupe en convergeant vers un projet plus vaste que nous avons alors défini European network on academic history ; nous avons adopté une identité officielle – depuis ce jour-là nous nous appelons Héloïse – et nous avons tracé une structure organisationnelle. Il faut dire que déjà à Poitiers, puis dans les rencontres successives à Bologne, Lyon, Berne, Madrid, l’expression “academic databases” comprenait des projets hétérogènes, dédiés non seulement à des étudiants ou des professeurs, mais aussi à des catégories d’intellectuels (des cercles humanistes), ou à des aspects particuliers de l’histoire du livre, c’est-à-dire à l’instrument fondamental du travail académique. Les difficultés financières rencontrées par le projet Fasti étaient provisoirement contournées grâce à la parcellisation des financements sur les objectifs respectifs dans les différents sièges universitaires. Chaque groupe de recherche avait résolu ce problème à sa manière : il s’agissait là d’une solution empirique, nécessaire et suffisante pour le moment, mais toujours soumise aux risques continus de provoquer l’interruption d’un projet collectif ou de l’une de ses phases. Nous devons reconnaître en toute franchise que cet aspect gestionnaire reste suspendu comme une épée de Damoclès sur la tête de la pauvre Héloïse, mais ce n’est pas le seul et la journée d’ouverture sera précisément consacrée à l’examen d’un problème technique qui a en même temps une valeur scientifique immédiate. Le thème est celui de l’interopérabilité entre les différents projets : on en avait discuté à l’époque de Fasti, on en a discuté maintes fois au cours de nos rencontres : nous sommes tous conscients que nous ne pouvons pas éluder ce passage, sans réduire à néant l’objectif poursuivi par nos rencontres périodiques. Un pas en avant a été accompli récemment grâce à Francesco Beretta et Thomas Riechert. Comme vous le savez, l’après-midi d’aujourd’hui sera consacrée à la présentation d’une de leurs propositions et à sa discussion qui, je le souhaite, pourra faire surmonter toute perplexité. Désormais, à la fin des années Quatre-Vingt, les temps étaient mûrs pour faire appel à l’apport des bases de données dans le domaine de la recherche historiographique. Le développement des études prosopographiques dans le cadre de l’historiographie universitaire, la création des premières banques de données sur la population estudiantine ou sur les corps académiques, sur le rapport entre études et professions, pouvaient alors bénéficier d’expériences et de conditions techniques plus favorables au développement de recherches en série. Mais nous nous trouvons actuellement à un stade où nous devons conjuguer des banques de données nées d’une manière autonome, mais que nous voudrions rendre réciproquement compatibles. Il faut dire que le caractère spécialisé de certains exposés ou de certaines discussions n’est pas toujours d’un abord facile, et je me range parmi ceux qui laissent aux techniciens toute évaluation à ce sujet, mais je souhaite vivement que l’on puisse au moins expérimenter une solution en partant de ce que les différents groupes ont réalisé jusqu’à présent. Je veux dire encore deux mots pour attirer l’attention sur une valeur inhérente à notre projet, peut importe qu’il s’appelle Fasti ou Héloïse. En tant qu’européens, nous sommes en train de vivre une conjoncture difficile, décidément défavorable à cette idée d’Europe partagée par tant d’hommes de culture et pour laquelle les institutions universitaires et les corps académiques ont dépensé une bonne dose d’énergie, en favorisant également la croissance de ce qu’on appelle aujourd’hui la génération Erasmus : je me réfère à tous ces jeunes qui depuis presque trente ans enrichissent leur identité d’origine en profitant des expériences d’étude et de socialisation qui leur sont offertes dans un autre pays de la Communauté. Je crois que le passage souhaité à une banque de données partagée, où les étudiants et diplômés de Bologne ou de Pérouse convergent avec ceux de Cracovie, de Poitiers, d’Allemagne ou de Paris, peut représenter un développement pour l’historiographie universitaire mais je crois aussi qu’il certifie la valeur que la culture européenne a tirée de la mobilité de ces intellectuels qui ont croisé et partagé des parcours de formation et des destins professionnels sur les routes d’Europe. Je formule donc le souhait que notre rencontre puisse commencer à élaborer ce réseau de bases de données en évitant de rester orphelins pour la seconde fois. Merci encore pour votre participation et pour la contribution que nous pourrons apporter à la croissance du projet Héloïse.